de Cormac MacCarthy
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En Poche, Points
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253 pages
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Je m'enflammai l'autre jour au sujet de la vie post-apocalyptique. Au sujet de la beauté du Néant, de la poésie du rien. Je m'enflammai l'autre jour pour ce film choquant, avide de dépouillement et de sombres paysages.
Maintenant, je connais le livre.
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L'histoire reste la même : dans un monde dévasté, un homme et son fils tentent d'échapper à leur existence misérablement annihilée en allant vers le sud, vers la mer, vers l'immensité qui, autrefois, était bleue, promesse de vie, en se disant que peut-être là-bas, il y aura autre chose.
Qui sait ce qui a pu se passer pour apporter la mort sur la Terre ? Une chose cependant est certaine : là où les Cavaliers de l'Apocalypse sont passés, plus rien de pousse. Il ne reste que poussière et cendres, mort et désolation. Des arbres morts, des herbes sèches, des cadavres coulés dans le bitume fondu, tel est désormais le paysage commun dans lequel les rares survivants errent. Pour se nourrir, certains ont sombré dans le cannibalisme. D'autres, comme le héros de l'histoire, se refusent à sombrer dans une pareille déchéance humaine, se cachent et fuient leurs semblables, vivant dans la peur et la suspicion.
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Le sujet est brutal.
Tandis que le style d'écriture peut dérouter. Des phrases épurées, courtes, avec très peu de ponctuation, et beaucoup {trop?} de "et" ; comme pour nous faire ressentir les pensées profondes des héros. Comme pour nous faire comprendre que pour eux, il n'est question de prévoir aucune action ; comme pour nous faire savoir que le lendemain n'existe pas. Seul le présent est. Et encore !
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L'ambiance est sombre, trop sombre pour nous laisser de marbre. Si le père et son fils croisent parfois des gens sur la route, ils ne savent jamais de quel côté ils se trouvent : vont-ils les tuer pour les manger ou bien simplement les laisser passer ? La peur au ventre, ils se cachent, luttant contre le vent, le froid, la maladie et la famine grandissante, ne pouvant se satisfaire que d'antiques boites de conserve cachées dans des maisons datant d'un passé lointain et révolu. Un passé que le père se plait parfois à raconter à son petit. Mais a-t-il seulement un jour existé ? L'enfant, qui n'a jamais connu ce monde vert et ensoleillé, doute de la véracité de ces histoires qui "finissent toujours bien", puisque son monde à lui est à ce point cruel et sans pitié.
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Et lorsque la confrontation entre ces deux être si différents éclate, on comprend qu'ils représentent l'un pour l'autre la dernière trace d'humanité qui les empêche de sombrer dans la folie et le désespoir, qui les raccroche à la volonté saugrenue de trouver un ailleurs vivant et utopique.
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Si j'ai eu un peu de mal à entrer dans le récit, la faute à cette écriture hors du commun, une fois lancée, ce fut autre chose. Un roman que l'on peut lire d'une traite, je pense, parce que ce qui nous tient à l'écart en premier lieu se comprend davantage au fil des pages... Je ne saurais l'expliquer autrement. Pour nous offrir un monde si dévasté, une vision si pessimiste et terrible qu'on ne peut résolument pas en ressortir indemne...
Comme le film au final.
Ce qui reste, c'est davantage une impression que des scènes choc. Une impression de solitude si intense, de terreur si grande, de pessimisme mortuaire qui envahi tout.
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Un grand livre, assurément..
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>> Le film avec Viggo ! <<