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Qu'ils nous permettent de nous évader, qu'ils nous fassent rêver, rire, pleurer ou qu'ils nous irritent au plus haut point, ils sont l'émotion à l'état pur...
Alors Moa, je veux en parler, partager et avoir ton avis, Ô Hôte Curieux !

Quant à la lecture, plaisir solitaire, je découvre peu à peu que chacun recherche quelque chose de différent en ouvrant un livre... Quoi ? Telle est la question...
Je ferai ici un compte-rendu absolument pas objectif des livres qui se sont soumis à ma pupille...

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29 juil. 2019

Un fil du destin se brise...

fantasy
 
Que passe l'hiver,
de David Bry

Pocket

490 pages



*****


Voilà un livre, et un auteur, que j'ai découvert aux Imaginales de cette année, puisqu'il eut l’extrême honneur de recevoir l'étiquette "coup de cœur du festival 2019". Gage de qualité oblige, et une conférence dédiée plus tard, me voilà en possession de ce roman qui... comment dire... change de d'habitude ! :)

Que passe l'hiver est le récit de la fin d'un monde. Ce n'est pas moi qui le dit, c'est David Bry. C'est un poème en prose décrivant avec justesse une nuit qui ne s'achèvera qu'avec une transformation.
Nous sommes dans la Clairière, monde magique au cœur de la forêt, régi par le Dieu-Cerf aux allures sibyllines rappelant Cernunnos. Quatre clans lui jurent annuellement leurs allégeance, lors de la fête du Solstice. Une fête qui dure quoi, une semaine ? Pas davantage. Stig, le héros, va y assister pour la première fois, et il est fou d’excitation de découvrir enfin ce rite de passage qui les a construit, lui et son clan. L'occasion aussi de rencontrer les autres clans, aux pouvoirs si différents du sien, et tellement extraordinaires...
Sauf que bien sûr, rien ne va se passer comme prévu.

Car le monde évolue, et les hommes avec lui.

Que passe l'hiver est un drame qui creuse peu à peu les sillons de nos âmes, et emporte avec lui l'innocence de notre jeune héros. Après tout, il est adulte maintenant. On se laisse emporter dans ce monde de neige et de glace, de rites et de traditions.
Avec un bémol cependant : ce héros qui agace parfois, il faut le dire. Il m'a fait penser à Fitz dans ses premiers pas : mou et tête à claque. Mais là où Fitz agit (pas toujours dans les bonnes choses à faire, mais il agit), Stig se questionne, hésite, pense encore un peu et ne se bouge qu'à la fin, pour cloturer ce poème-roman. Rien de révolutionnaire donc, puisque de toute manière, l'hiver passera.
Dommage, parce que j'ai bien aimé l'ambiance.

27 juil. 2019

Tudo Bem, Daniel, Tudo Bem

Young adult - Fantastique
 
L'Enchanteur,
de Stephen Carrière

415 pages

fev 2019

PKJ

*****

Wow ! Je ne sais pas bien que dire pour résumer cette lecture, mon avis se résumant à un simple mais sincère "wow, magnifique !"

Bouchée bée et emplie d'admiration je fus face à ce bijou, tant cette bande de potes m'a embarquée dans son périple, son aventure, son "miracle". Ils m'ont touchée, leur force m'a touchée. Car l'un des leurs est malade, il va mourir. Loin de se résigner et d'attendre les bras ballants que l'insurmontable advienne, ils se lancent corps et âme dans un projet de grande envergure : faire de cette mort un chef d’œuvre, approchant de ce fait l'immortalité.
Leur plus grand atout est un magouilleur de première, qui se plait à transformer la réalité selon les capacités de chacun, j'ai nommé celui qui donne son titre à ce roman : l'Enchanteur. tadaaaa !

Quelle plume ! Quels personnages hauts en couleur ! Quelle densité ! Car nous ne sommes pas en présence d'un banal roman d'adolescents, nous sommes pris dans une véritable tourmente poétique où la peur et la violence côtoient l'érudition d'un Songe d'une nuit d'été. Outre le fait de devoir faire avec la douleur annoncée de la fin, nos jeunes héros vont composer avec la brutalité des quartiers, le racisme grandissant, le fascisme envahissant, un Mal mystérieux et meurtrier rôdant dans les ruelles sombres, prenant des allures mystiques d'incantation vaudou, allégorie d'une humanité effrayée et effrayante sur le déclin. Mais rien ne les arrête, ces ados, fous et hardis, optimistes qu'ils sont ! Ils ont une parole à honorer.

C'est beau. C'est intelligent et d'une délicatesse inouïe.
C'est à lire et à relire, ne serait-ce que pour s'imprégner encore et encore de cette ambiance à la fois inquiétante et si terriblement... romanesque ? Parnassienne ? Lyrique ?

Parce que bon, au cas où tu serais passé à côté, Tendre Hôte, sache que l'Enchanteur,... c'est un enchantement ! (oui bon elle était facile celle-là !) C'est une fable. C'est un conte merveilleux. C'est une ode à l'amitié et une déclaration d'amour à la vie.
Et comme je trouve que c'est une très jolie manière de conclure, j'y met de ce pas un point final.

PS : Merci à Capri pour me l'avoir mis dans les mains !

1 juil. 2019

Précieuses Illusions

Fantasy


La Passe-Miroir
de Christelle Dabos

En quatre tomes (en cours)

Tome 1 paru en 2013

Gallimard Jeunesse

*****

Comment ?! Après tout ce temps, même pas je t'ai parlé du cycle de la Passe-Miroir ?!?! Grave erreur de ma part, non pas un oubli parce que jamais je ne pourrais oublier de parler de la Passe-Miroir, parce que ceci mon ami, c'est mon coup de cœur de toute la vie ! Ceci, c'est un texte qui m'a attrapé pour ne plus jamais me lâcher. Ceci, c'est de la bombe bébé !

On se retrouve propulsé dès les premières lignes dans ce monde magnifique et onirique peuplé d'arches, petites cités volantes dirons-nous, chacune occupée par des habitants ayant certaines compétences... On parle de magie hein ?! Pas de charpentier. (quoique) 
L'héroïne, Ophélie, n'est pas très douée ni très à l'aise avec les gens. Elle préfère la compagnie des objets. Et pour cause, quand elle touche quelque chose, elle peut remonter toute sa vie (à l'objet). Ca marche aussi avec les gens, c'est pour ça qu'elle les évite. Elle a aussi cette capacité de pouvoir traverser les miroirs (d'où le titre !) pour se déplacer d'une vitre à l'autre ! Elle vivait tranquillou pilou jusqu'à ce qu'on la fiance à un mec d'une autre arche, inconnu au bataillon, histoire de clan, de politique, d'on ne sait quoi même qu'on s'en fout, on était si bien dans notre musée à rien demander à personne ! La voilà emportée malgré elle dans ces manigances qui la dépassent, prend ta valise et ton écharpe et va donc rencontrer ton futur promis, dans cette arche éloignée et enneigée, où la Cour et l'Etiquette risquent de te manger toute crue. Et va mener l'enquête... sur le pourquoi, elle spécifiquement, à été mandée pour cette mission mariage...

Transportés nous sommes, c'est obligé, Ô Hôte Lecteur ! Transportés et conquis. 
Puisque c'est un univers changeant, sensoriel, hypnotique. Un peu à la Miyazaki. Illusoires et sibyllins. Les personnages sont à croquer, qu'ils soient premiers ou seconds rôles, dieux ambivalents ou petites mains travailleuses. Le tout servi par une écriture parfaite, apportée par des expressions délicieuses, ce qui rend le tableau encore plus attrayant !
Ce fut génial, tout simplement. Absolument irrésistible.

Bon, reste plus qu'à attendre le quatrième et dernier tome, parce que je les ai dévoré, vorace que je suis !

Cadavre Exquis

Fantastique

MORTS
de Philippe Tessier

Leha

mars 2019

203 pages

*****

Situation cocasse que celle-ci : voila que Joseph se réveille... six pieds sous terre... alors qu'il se souvient bien qu'il est mort... Enfin peut-être. S'il est mort, c'est quand même étrange de pouvoir penser et se souvenir qu'il est mort... Sauf que bon, plus étrange encore, ( si c'est possible ) il y a bien des squelettes qui le prennent en charge, qui lui parlent, qui lui expliquent sa situation... sans organe ni rien, des squelettes je te dis, Ô Hôte Fringuant, des tas d'os !

S'en suivent des tergiversations aussi riches qu'étonnantes sur la vie, non seulement la sienne passée, la nôtre, que celle en général. Il y a critique bien sûr, mais pas que. 

C'est décalé, c'est un peu fou, c'est souvent cynique et moi j'ai bien ri. De ces situations cocasses où des macchabées jouent au golf ou tentent de modifier l'espace-temps, de ces moments où le Glas déprime de ne plus pouvoir sonner comme il le souhaiterait.

Jamais macabre, souvent philosophique, et porté par des personnages connus en plus, ce qui ne gâche pas notre plaisir.
C'est une curiosité à goûter.

Viva la Révolution !

Fantasy




Les Révoltés de Bohen
d'Estelle Faye

Critic

2019

732 pages

*****

Ah ben voilà, j'ourdissais le désir d'une suite, et elle arrive ! Suffit de demander.
Nous revoilà à Bohen donc, 15 ans après la Révolution décrite dans le premier tome. On pourrait penser que tout s'est arrangé, mais il faut bien plus de temps pour reconstruire un monde, surtout que le pouvoir n'a pas été acquis par ceux qu'on aurait aimé...

Quel plaisir de retrouver ces personnages haut en couleur ! Avec encore plus de magie, et encore plus de surnaturel, et encore plus de batailles, et de morts même ! Car oui, Estelle Faye tue ses personnages, et ça, c'est à porter à son crédit. En même temps, on ne mène pas une révolution sans risque ni dommage collatéral. C'est mon avis.

Dans cet opus, bien plus sombre et bien moins porté sur un semblant de sentimentalisme, l'espoir est au plus bas : les dirigeants ayant beaucoup trop d'ascendants sur la populace crasseuse et illettrée, on se demande bien comment les idéaux des révoltés vont avoir une quelconque chance de se faire entendre. Cela dit, même s'il a l'habitude de nager dans ses excréments, il ne faut jamais sous estimer l'ennemi. 

"Nous sommes le peuple de Bohen. Nous sommes la misère et la multitude.
Nous sommes la colère. Et nous sommes l'espoir."

Des paroles clamées comme un étendard. Des mots, rien que des mots pour se raccrocher et garder la tête hors de la boue.

J'ai aimé sa manière de décrire les régions, si différentes, mais chargées d'âme. J'ai aimé voyager dans la jungle poisseuse où la mousson ne cesse que pour laisser la place à une chaleur oppressante, autant que j'ai aimé visiter la capitale autrefois si grandiose, mais salie par une magie noire ancestrale. J'ai adoré les contes brûlants du désert lointain comme j'ai savouré les moments passés dans les camps fait de brics et de brocs d'anciens esclaves partis en quête de vengeance. J'ai raffolé des Havres, tiraillé entre les traditions et le désir de modernité, comme j'ai rêvé de ce monde fantasque d'au delà de l'horizon, là où (presque) personne n'est jamais allé.
J'ai aimé parcourir ces terres en compagnie de héros imparfaits, j'ai aimé tomber dans des embuscades, survoler les batailles, assister à des trahisons, à des doutes, à des alliances, à des amours.
J'ai aimé ces évolutions, de ces gens qui font de leur mieux avec ce qu'ils ont.
Et j'ai aimé cramer tous ces pauvres hères. Enfin moi j'ai cramé personne, mais c'était quand même grandiose !

Romanesque, à fond ! Guerrier, carrément ! Magique, bien sûr ! Envoutant, évidemment !
On voudrait presque que ça n'en finisse jamais.
Oui, beaucoup d'éloges, mais que veux-tu, Hôte Dubitatif, quand on a aimé, il faut le dire ! Disons-le donc.

26 mars 2019

Tapi sous Terre

Anticipation

Silo,
de Hugh Howey

Plein de pages avec 3 livres pour les récits principaux

Actes Sud et Livre de poche

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Ah en voilà une trilogie qu'elle fut bien ! Je lui met plein d'étoiles, des pouces levés et des petits cœurs avec mes doigts !

Imaginons le reste de l'humanité enfermée dans un ancien silo à grains. Dehors, l'air est toxique. C'est d'ailleurs ce détail mortel qui a poussé les gens à se réfugier dans ce décor inhabituel. 
Dans le silo, depuis toutes ces années, la vie a reprit son cours, avec les lois nécessaires à la bonne marche d'une si grande assemblée. En haut, avec vue sur la surface grise et désolée, les dignes dirigeants (mais attention, pas de monarques ou de vils brigands qui brigands sans foi ni cœur qui auraient usurpé le pouvoir, non, un chef élu, un shérif élu, le silo est peut-être tout en hauteur, la démocratie règne !), au milieu, les fermes pour nourrir tout le monde, et en bas, la salle des machines et ses travailleurs tout en muscles et en sueur. Une démocratie avec une pointe de symbolique tout de même, Ô Hôte Perspicace, tu l'auras noté.

Une machine qui semble bien huilée, sans jeu de mot, puisque tout fonctionne sans trop de révolte. Les gens sont pas cons, ils se doutent bien que si on ne peut pas sortir, les tentatives pour révolutionner leur mode de vie sont limitées. Et puis il n'y pas vraiment d'abus...
 Ca fonctionne tellement bien et depuis tellement d'années que plus personne ne se souvient de cette vie d'avant le silo. Plus personne ne peut témoigner de comment c'était, la Terre, avant l'air toxique. Plus personne ne connait la véritable couleur du ciel. Plus personne n'associe le mot "oiseau" à un animal. Plus personne ne se rappelle du ver de terre. Ni du soleil. Ni de l'océan. Des termes qui semblent appartenir un passé légendaire, qu'on ne trouve plus que dans les contes de la Grand-Mère qui endors les enfants de son étage...

Bon, arrivé à ce stade, tu te doutes bien, Ô Hôte Charmant, qu'on n'écrit pas 3 bouquins sur la vie paisible d'une société qui fonctionne bien.
Tu te doutes que certains pensent à remettre en cause ce dehors hostile.
Et là je ne piperai plus un mot sur l'histoire parce que sinon je te raconte tout et on peut passer à autre chose et ce serait dommage. Parce que bon sang que c'était génial ! Comme j'ai aimé apprendre petit à petit tous les rouages de cette grande machine qu'est le silo. Comme j'ai adoré remonter le fil de l'Histoire pour comprendre ce qui les a amené là ! Comme j'ai kiffé ma life de passer de l'un à l'autre des perso pour découvrir toutes les faces possible de l'humanité !

Comme j'ai hurlé face aux manigances, comme j'ai flippé d'impuissance, comme j'ai espéré un bonheur immédiat. Bref, je suis passée par de nombreux états, mais de long en long, ce fut la passion de passer ces pages au plus vite afin d'avoir le fin mot de cette histoire surprenante, travaillée et bien plus profonde qu'il n'y parait. Parfaite !

Et c'est là que je dis que la SF a le fabuleux pouvoir de parler de choses qui ne peuvent que faire écho à nos doutes, à les approfondir et à les pousser si loin que le tournis nous happe et nous ronge d'inquiétude. Parce que la SF nous offre bien plus que des romans divertissants, elle nous plonge dans un de nos avenirs possibles, nous enveloppe dans un de ces futurs terrifiants si cohérents si ce n'est probables.

Bref, j'ai aimé, j'ai adoré, j'ai dévoré, je recommande cent fois.

Illusions Forestières

Fantasy


Les Illusions de Sav-Loar
de Manon Fargetton

Milady/Bragelonne

2016

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C'est une histoire de femmes. Un peu féministe dans le fond, avouons-le, mais avec quelques nuances bienheureuses qui l'empêchent de tomber dans les bas-fonds actuels ridicules ! ("rhôôô mais c'est qu'on frôle les polémiques dis donc !")

C'est aussi une fresque fantasiesque grandiose où un royaume plus si jeune que ça a tendance à se reposer un peu trop mollement sur ses acquis et ses "traditions". 

C'est le récit d'un combat entre plusieurs camps bien campés dans leurs positions, leurs idées, leurs idéaux, leur souffrance et leurs souvenirs lointains.

C'est là que débarquent nos héros, - non il n'y en a pas qu'un, choisis donc ton préféré, Ô Hôte Curieux,  entre l'esclave mercenaire, la jolie pimbêche, la jeune et fragile magicienne en devenir, la princesse en fuite, l'ancienne mage, le sage sorcier, le Traqueur sournois et belliqueux... - nos héros, disais-je, dans ce bourbier en apparence bien délicat, qui vont devoir choisir avec/contre qui se battre. Bien sûr, se battre, on y est obligé, dans ce monde où la magie dirige et condamne, où tu n'as guère la possibilité de choisir qui tu es. 
C'est donc une quête initiatique si chère à la Fantasy, qui a une douce saveur de forêt de pins, de mousse et de sorts d'illusions. Mais une quête pas si classique, puisque la morale est bien souvent malmenée. Et ça, c'est agréable. Le monde n'y est pas manichéen, les personnages apprennent, se mettent parfois dans la peau de l'ennemi, souffrent, changent. Et ça, ça fait un bien fou !

Tendre Hôte, si tu rêves de liberté, de vent de changement, d'amour pur ou d'île Shaolin, si tu veux un roman qui te parle d'Histoire et d'apprentissage, de volonté, de pouvoir ou de bataille, ne passe pas à côté de celui-là. Il est fort agréable, dépaysant et beau.