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Pièce Sombre :

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Salle des Archives :

Les films...
Qu'ils nous permettent de nous évader, qu'ils nous fassent rêver, rire, pleurer ou qu'ils nous irritent au plus haut point, ils sont l'émotion à l'état pur...
Alors Moa, je veux en parler, partager et avoir ton avis, Ô Hôte Curieux !

Quant à la lecture, plaisir solitaire, je découvre peu à peu que chacun recherche quelque chose de différent en ouvrant un livre... Quoi ? Telle est la question...
Je ferai ici un compte-rendu absolument pas objectif des livres qui se sont soumis à ma pupille...

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18 juin 2010

The Dark Knight

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Batman : The Dark Knight
de Christopher Nolan
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avec Christian Bale, Heath Ledger, Aaron Eckhart...
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13 août 2008.
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L’Acteur, avec un Grand A… Théoriquement, le talent de l’acteur se définit par sa capacité à incarner le personnage, et par conséquent, nous montrer la beauté dudit personnage, (ou l’affreuseté de la bête, c‘est une théorie à double tranchant) en nous faisant oublier, à nous spectateurs, l’être vivant, l’acteur caché derrière le personnage.
Un principe de base.
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Qui, malgré tout, et tu as droit à présent à un avis absolument non-professionnel de le Moa, Ô Hôte Cinéphile, un principe qui, disais-je, se perd dans les méandres du paraître et de la mise en avant du bô gosse ou de la bombe sexuelle au profit de son jeu d’acteur (en général inexistant). Ce qui est, nous en conviendrons, dommage.
Mais ici… Ici !
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Il est parvenu à atteindre ce qui manque à nombre de nouveaux dans le métier ; il a réussi à nous faire oublier qu’il était sexy en diable pour nous montrer avec hargne à quel point il avait du talent. Je parle du Joker bien évidemment, alias Heath Ledger.  Qui d'autre ? Combien accepteraient de dégrader leur physique afin de satisfaire un personnage ô combien cruel et cinglé, défiguré, abominable ? Combien ont réussi à donner vie au personnage, avec une telle intensité ?
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[ Et ce n’est pas poussée par un pseudo-éloge funèbre que je m’exprime à présent. Je n’ai pas l’étoffe, ni même l’envie de me lancer dans un recueil de léchage de botte de pleurnicheuse du dimanche, désireuse d'encenser l'homme par un effet de mode étrangement suivi. Si je dis ça, c’est parce que je le pense !!! Car forcés nous sommes de nous incliner.]
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Eh oui cher Hôte, ce nouvel opus de l’Homme au Torse non pas de Chauve-souris mais de Dieu Grec serait bien fade sans la performance du Joker. Car QUELLE PERFORMANCE !!!! Un spectacle à lui tout seul. Il fallait réussir à nous faire aimer le méchant de l’histoire. Et quel méchant ! Nous n’avons pas affaire à un psychopathe de base - copiteur / vengeur d’un ancien terroriste depuis longtemps assassiné par un flic corrompu, mais à un tordu du bulbe orgasmiquement flippant, diaboliquement imprévisible, cruellement impartial, jouissivement vicieux, terriblement délirant, délicieusement terrifiant, affreusement grandiose.
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Parce que le Joker n’est pas la caricature du vilain Méchant qui n’a de désir que de s’attaquer au gentil Gentil pour une histoire de femme, de fric ou de sombre vengeance incompréhensible ; je le vois davantage comme un être vicieux poussé à l’extrême pour pointer du doigt la lente mais certaine dérive d’une société perdue, pour montrer les défaillances de l’être humain, la noirceur inévitable de l’âme… Un Joker comme sonnette d’alarme en quelque sorte. Il est le Mal, l’imprévisible, l’incalculable, l’imperturbable, l’incorruptible ; logique dans ses délires, effrayant dans sa justesse, terrible dans ses règles du jeu.
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Car la vie est un jeu. Cruelle. Incompréhensible parfois. Le tout est de lui donner une saveur ludique… : )
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Mais je parle, je parle du Joker sans parler du héros. Voilà qui est intelligent. Non, c’était une auto-pique ironique. Ne cherche pas mon Adoré, la schizophrénie ne m’aide pas à m’entendre avec moa-même. C’est tout simplement parce que sans le pestaculaire Joker, qui ne joue pas avec les mêmes règles que la plupart des gens, comment pourraient bien évoluer les problèmes de conscience de notre cher Bâât en cuir ? 
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Un Bruce Wayne plus humain que super-héros, un Chevalier Noir, tirraillé par ses doutes, ses hésitations, malmené par ses faiblesses... Voilà qui donne le ton.
Enfin, nous voilà donc en face d’un film bien sombre où le Bien et le Mal se retrouvent confrontés à l’Être Humain. Plus de manichéisme gratuit… Seulement un énorme Complexe, à l’image des Hommes que nous sommes, qu'ils sont, qu'ils ont été.
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Une évolution... des pensées... des actes... des gens...
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Plus je le vois, plus j'aime !


Maître Canine

Roman fantastique
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Dracula
de Bram Stoker
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disponible dans tout plein d’éditions, depuis 1897
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Ce qui est intéressant, avec ce roman, c’est qu’il est à l’origine de tout. Ou plutôt devrais-je dire, qu'il est l’origine de tout.
Vu sous cet angle, j’avoue, je bloque un peu… Comment résumer correctement le Mythe Originel ? Moa ça m'stresse... Alors je suis là, à chercher la manière de m’exprimer, pour accomplir sereinement ma tâche qui est de te parler d’un monument qui dépasse de loin la littérature…
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Oui, je vais commencer comme ceci : tout le monde connait Dracula. En revanche, tout le monde n’a pas lu le roman. C’est comme les contes de Perrault ou de Grimm, ou même L’Île au Trésor, ou encore les histoires de Jules Verne : chacun associe une ambiance, un nom, un scénario à ces références. Mais personnellement, je sais que je n’ai pas lu en version intégrale les romans cités. Mis à part Dracula. C’est ça qui est grand, avec ces œuvres, c’est qu’elles font désormais partie d’un savoir culturel commun, d’une identité culturelle que je dirais si je voulais faire dans le pompeux.
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Alors évidemment, quand on connait le mythe et qu’on s’attaque seulement ensuite au roman, on y trouve des différences, au niveau du style, de l’intrigue, des personnages, et au final, peu de choses correspondent à ton idée première, et par conséquent, érronée, de la bête ; sauf peut-être le fond… Et c’est bien là l’essentiel.
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Pour moa, Dracula, c’était un Comte. Avec de grandes canines. Il vivait dans un château isolé sur une montagne, en pierre noire, avec des gargouilles terrifiantes sur le toit, et le tout était entouré d’une forêt aux arbres morts. Il sortait la nuit pour s’attaquer aux pauvres mortels qui ne lui avaient rien demandé et leur execution ( ou son repas, tout dépend de quel côté on se place ) se déroulait dans la souffrance et le sang. Une fois repus, il laissait là le cadavre, laissant les villageois pleurer sur leur proche et embellir la légende. L’histoire était violente, la manière de faire l’était encore plus. Après tout, ce n’est qu’un démon hantant le small small world !
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Partant de là, je me disais que le roman se devait d’être terrifiant, n’allant pas dans la dentelle pour raconter les frasques du Comte Dracul, que ça devait saigner et gicler dans tous les sens. Un roman fantastique d’horreur quoi.
Mais non.
Et là ressort tout le génie du livre, c’est du fantastique racontant l’horreur sans parler horreur. Tu me suis ? Possible qu’on soit trop habitués à soumettre nos pupilles à des scènes violentes et sanglantes, voilà pourquoi l’œuvre de Bram Stoker est déroutante : par sa chasteté, je dirais.
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Parce que Dracula, c’est un roman épistolaire, alternant les mots de Jonathan Harker, celui qui va rendre visite au Comte directement chez lui dans les Carpates pour signer un accord immobilier avec lui ; les mots de sa copine, Mina Harker, qui tombera sous le charme du Démon ; les mots du médecin Van Helsing que je ne présente pas, et j’en passe…
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L’action est décrite selon leur vision, alors non, certes, ça ne nous ébouriffe pas la mèche. C’est davantage psychologique… Si au départ, ce qui vit Jonathan est glauque {lui, se retrouvant seul dans l’immense demeure ancienne du vampire, se baladant dans les couloirs infinis, rencontre soudain des formes brumeuses de femmes l’attirant, l’attirant, le charmant, le manipulant, est-ce un rêve ?...}, on apprend surtout à connaitre l’ennemi. Maintenant, quand on parle de vampire à Buffy, elle te dégaine ail, pieux et eau iodée, et fonce sur de la musique rock. A l’époque, on a plus de mal à croire qu’une telle créature habite la maison d’en face. On cherche alors à savoir, on cherche à comprendre. Parfois, les héros nous paraissent cucul, à cause de leur ignorance, mais si on replace tout dans l’époque, on les comprend, ces chastes personnes jamais tentées, qui se retrouvent soudainement face à la créature diabolique la plus complexe et la plus double qui soit.
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Hollywood a bien reprit la bête, en laissant de côté l’élément principal du roman : l’humanité de Dracula, son humanité qui transparait à travers l’Amour qu’il ressent et qu’il lui est impossible de donner, car cela serait synonyme de destruction. Destruction de l’être aimé, qu’il entrainerait dans l’abîme avec lui.
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Et tout ce joli monde, les « gentils », passent tout le long du roman à le traquer, pour le tuer. Mais ça dépasse le simple fait de vouloir le tuer pour tuer le vilain monsieur, bueurk ! ; ils en viennent à avoir pitié de lui, ils veulent certes « délivrer le monde d’une telle abomination », mais ils veulent aussi le délivrer lui, de cette vie de hantise sur Terre…
En fait c’est ça : Bram Stoker dépasse les clichés et donne une étoffe, une séduction sans précédent au Mal.
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Une étoffe étiolée puis remodelée au fil du temps… Bras droit de la Grande Faucheuse ou tout simplement individu maudit et tourmenté, l’imaginaire a largement brodé autour de cette figure. Peu importe à présent si Dracula a réellement existé ; peu importe si son règne a donné naissance à des personnages-types de prédateurs plus bestiaux qu’humains, puisqu’il est à l’origine d’un développement inouï du fantastique dans les arts. Au cinéma, c’est Murnau qui, en 1922, s’empare le premier de cette image vampirique, en créant Nosferatu, une Symphonie de l‘Horreur . Si le héros maléfique n’a rien d’un homme au premier abord, on se rendra compte que c’est l’amour, l’amour-même dont on le jugeait incapable de ressentir, qui le mènera à sa perte. Plus tard, Francis Ford Coppola donnera lui aussi sa vision de Dracula : une créature bien plus humaine que diabolique, cherchant, là encore, à retrouver son amour perdu. Mais là, on y reviendra...
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Ce seront ainsi les femmes, bien que mortelles, qui conduiront les enfants de la nuit vers la mort…
Délivrance du monde ? Ou délivrance du vampire ?
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Cette idée, très fidèle à Monsieur Stoker l’irlandais, est peut-être l’idée la plus pure et la plus noble qui compose le fond du roman, à mon avis. C’est cette dualité et cette torture qui m’a tant plu dans la saga de Anne Rice qui donne son côté fascinant à la figure vampire.
Pour avoir introduit ce concept dans l’imaginaire collectif, moa je dis merci à Bram.
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Voilà.

10 juin 2010

Introduction Caninaire

Vampire… Terrible murmure irradiant l’obscurité, intarissable source de peurs, et de dangers, il est celui dont on redoute le nom, dont on craint la puissance infernale. Créature chimérique, ni morte, ni vivante, le vampire est enfant de la nuit. Au crépuscule, il sort de son tombeau pour sucer le sang des mortels afin d’en tirer la force vitale. Ceci est une chose acquise par le folklore populaire : ce démon est intimement lié à l’image du sang. À ce portrait du tueur maléfique est associé un nom : Dracula, lequel est né sous la plume de Bram Stoker en 1897.
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Cependant, s’il est le vampire reconnu en tant que Prince des Ténèbres, nous devons savoir qu’il n’est pas le premier du nom. Bien avant la naissance du Comte de Transylvanie, le monde a eu vent de mythes et légendes mettant en scène des suceurs de sang. Dès l’Antiquité, les lamies, ou succubes, faisaient régner la terreur en s’attaquant à des jeunes enfants qui, une fois vidés de leur sang, leur servaient d’épouvantails. Elles maintenaient ainsi le respect envers ceux qui auraient l’audace - ou la folie - de vouloir les combattre. Les empuses, spectres multiformes prenant souvent l’aspect de séduisantes jeunes femmes, sévissaient également en aspirant la substance vitale des malheureux qui croisaient leur route. Ou il y eut les striges , des démons femelles qui agressaient de la même manière les enfants. Autant de créatures maléfiques, diaboliques et frénétiques pour parfaire le champ, déjà élaboré, des êtres démoniaques et malintentionnés hantant le monde nocturne.
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Autant de femmes, destinées à détruire les Hommes… Comme pour confirmer la thèse comme quoi, si la femme est mère nourricière, elle est également puissance dévastatrice.
Autant de femmes usant de leur charme pour faire tomber leurs proies.
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Mais si la férocité et le pouvoir de ces démons femelles ne sont plus à démontrer, elles sont, à quelques exceptions près, reléguées au rang de sous-fifres lorsque s’avance le Prince de la nuit. C’est en 1819 que le premier vampire mâle fait son entrée en littérature, dans une nouvelle de John William Polidori, intitulée Le Vampire . Le héros, Lord Ruthven, aussi beau et charismatique que le Comte Dracula est repoussant, va marquer le début d’une vague vampirique romantique. Charles Nodier, Théophile Gautier, Alexandre Dumas, sont autant d’auteurs qui vont s’emparer de cette figure pernicieuse. C’est donc bien plus tard, une fois que bien des règles ont été établies, que le Comte des Carpates va s’installer sur le trône de la littérature fantastique. De surcroit, Bram Stoker ne se basera pas uniquement sur une mythologie infernale, mais voudra se faire porteur d’une certaine réalité : le Comte Dracula serait l’incarnation d’un tyran du XVe siècle, Vlad Tépès, surnommé « l’Empaleur ». Son héros maudit ne doit donc pas être considéré comme un nouveau personnage purement fabuleux, mais comme une reprise fictionnelle de faits historiques.
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Le modèle Dracula va alors pouvoir s’étendre, apportant avec lui une atmosphère gothique et inquiétante qui deviendra stéréotype, topos mnémonique. Une image largement véhiculée par le cinéma. Que ce soit le Nosferatu, de Murnau, silhouette chétive au regard noir et aux griffes acérées, ou le Dracula de Francis Ford Coppola, plus humain mais toujours hautement inquiétant, le vampire devient un personnage important, redouté aussi bien des hommes que des créatures de la nuit. Aujourd’hui encore, et ce, même avec toutes ces visions différentes que l’on nous a proposées, le vampire est associé aux ténèbres, au château plus ou moins fastueux, mais toujours ancien et chargé de mémoire. Car avant d’être un spectre terrorisant ses victimes potentielles, il est homme cultivé entretenant un goût certain pour l’élégance et la majesté : bien peu de vampires sont de simples tueurs vivant dans la pourriture de leurs tombeaux. Et Dracula, dans sa monstruosité, garde un certain savoir-vivre lorsqu’il accueille Jonathan Harker. Un personnage effrayant, certes, mais pas exclusivement menaçant. Car le vampire est double ; « diabolus » en latin. S’il représente le mal et la violence, il est également douceur lorsqu’il s’agit d’amadouer ses proies ; s’il inspire haine et dégoût, il suscite aussi la pitié chez ses adversaires. S’il est mort et destruction, il est aussi amour… Et souffrance… 
De ce fait, il représente parfaitement les deux faces de Janus : Eros et Thanatos, chères à un Ogre que je connais bien. À la fois contraire et complémentaire, l’Amour et la Mort sont réunis en une seule entité, lui offrant alors une complexité à toute épreuve. Quiconque connait le baiser du vampire trépasse. Et il se pourrait bien que le vampire meure chaque fois un peu plus lorsqu’il mord ses victimes…
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Devenu tout puissant, car dispensateur de vie ou de mort, notre créature jouera de ce pouvoir, et se servira de ses charmes pour atteindre son but. D’ailleurs, bien rares sont les humains capables de résister à la fatale attraction qu’il dégage. « J’étais comme étourdie et, chose étrange, je n’avais nulle envie de m’opposer à son désir », écrira Mina Harker dans le roman de Stoker. Si maléfique soit-il, il incarne avant tout les délices de l’interdit, le fantasme de la démesure, la tentation du péché. Le vampire est attirant car ce qui est défendu est attirant. Et de l’autre côté, le vampire est effrayant car ce qui est fatalement lié à son passage, à savoir la mort, est également angoissant, mais non moins intrigant. Par sa prestance et ses pouvoirs, il matérialise alors la peur du noir et de l’au-delà : incapable de mourir, il offre l’immortalité. Mais à quel prix ?
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Cette dualité, ce caractère ambigu chez le vampire sera largement repris par Anne Rice, dans ses Chroniques des Vampires , puisqu’elle donnera à ces êtres diaboliques tant d’humanité et de tourments qu’ils en deviendront touchants. 
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Assurément, si buveur de sang, sombre spectre maudit et traqué il était hier, force est de constater que le vampire est désormais un séducteur flamboyant au teint de nacre et aux lèvres voluptueuses, dont l’attrait est aussi irrésistible que terrifiant. En un mot, fascinant. Fascinant car torturé. Les héros d’Anne Rice donnent une nouvelle représentation à l’image vampirique jusque là utilisée en littérature comme au cinéma. Ils ne sont plus des morts déchus, heureux de faire voir leur puissance démoniaque au commun des mortels, mais subissent leur condition d’immortels devant boire les sang des vivants. De bourreaux, ils deviennent victimes. De prédateurs, ils deviennent martyrs. Ils nous obligent à changer notre point de vue : et si le vampire n’avait pas choisi cette voie qui est la sienne ? Et si son humanité ne s’était pas éteinte comme on le pensait en voyant les fléaux qu’il administre ? Et si son caractère premier était plus fort que la bête sanguinaire qui est en lui ? En un mot, s’il ne pouvait que se résigner face à son statut, ne serait-ce pas lui, la victime ? Immortel, il ne peut qu’administrer la mort. Quelle cruelle condition, quelle horrible existence !
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Existence à ce point fascinante qu’elle mériterait qu’on lui dédie une pièce entière dans cette Taverne… Entreras-tu avec moa, sans frissoner ?
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Image 1 : Le Vampire, par Philip Burne-Jones
Image 2 : Photo tirée du film de Coppola

8 juin 2010

Mise au Point

Si tu veux que Toa et Moa, ce soit du sérieux, et avant de me lancer dans une apologie absolument dévouée et soumise du Vampire, il nous faut nous mettre d’accord sur une chose, une définition, un concept.
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La différence entre un récit Fantastique, un récit de Fantasy et un récit de Science-Fiction, quelle est-elle ?
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Mr. Bunners the Rabbit Master par MikePMitchell

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J’y tiens comme à la prunelle de tes yeux que j’arracherai avec un cimeterre si tu me cherches, alors juste une mise au point, sur les plus belles images de ma viiiiiie… 
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Ayant trouvé une très jolie définition pour les départager ici, je ne peux que t’en faire part, Ô Adoré.
Il s’agit de la Parabole du Chat :
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« Un genre littéraire ne se reconnaît pas à ses éléments externes. La présence d’un vampire, d’un dragon ou d’un extraterrestre dans un roman n’implique pas automatiquement, ipso facto, que l’œuvre relève du fantastique, de la fantasy ou de la science-fiction. Par contre, cela signifie que le texte s’inscrit dans le champ des littératures dites "non-mimétiques", appelées ainsi parce qu’elles ne cherchent pas à mimer la réalité - contrairement aux littératures "mimétiques", auxquelles appartiennent entre autres le mainstream (c’est-à-dire la littérature générale), le roman historique ou le polar.
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Ce qui caractérise un genre littéraire, c’est son fonctionnement interne. Prenons un exemple. Imaginons que dans un roman, il y ait une scène où un chat demande à manger à son maître.
Si le chat se frotte et se refrotte contre la jambe de son maître, miaule à fendre l’âme, bref se comporte comme un chat ordinaire : vous êtes dans un roman relevant de la mimesis, c’est-à-dire de la littérature mimétique où la littérature mime le réel. Après, que ce soit un roman historique, psychologique, sentimental ou policier, peu importe, cela ne dépend pas du chat.
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Maintenant, si le chat se met à parler pour réclamer son ron-ron, du style : "Alors, elle vient ma gamelle ? J’ai la dalle, moi !", alors là, pour sûr, vous êtes dans la littérature non-mimétique, car un chat qui parle, cela n’existe pas dans notre univers connu. Reste à savoir dans quelle branche des littératures non-mimétiques nous sommes.
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Si le maître manque de défaillir de stupéfaction, se demande s’il n’est pas en train de devenir fou, si ce chat n’est pas un suppôt de Satan, etc. et que, à la fin du roman, ni le maître, ni le lecteur n’ont de réponse : vous êtes dans le Fantastique.
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Si la situation est admise, banale, mais que l’auteur ne justifie absolument pas cette situation extraordinaire, vous êtes dans la Fantasy.
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Mais si l’auteur a rendu plausible cette situation, par des explications sérieuses ou pseudo-sérieuses (le chat est, en fait, un extraterrestre, un robot, ou bien il a subi des manipulations génétiques), alors vous êtes en pleine Science-fiction ! »
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Maintenant que nous sommes d’accord, nous allons pouvoir parler de choses sérieuses…

Very, mais alors Very Bad Trip...

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Very bad trip, de Todd Phillips
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avec Bradley Cooper, Ed Helms, Zach Galifianakis...
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24 juin 2009
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Il est des soirées comme ça… inoubliables !
Et puis il y a celles qu’on a oublié, non pas par manque d’intérêt de la part de celle-ci, mais par le trop plein d’ingurgitation de sustances plus ou moins liquides de notre part. Un oubli dont on se serait bien passé !
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Pourquoi je raconte ça ? Non pas pour te relater ma folle soirée boiteuse, Ô Curieux Hôte, mais parce que c’est précisément ce qui est arrivé à Phil, Stu, Alan et Doug, qui, au lendemain d’une soirée bien arrosée à Las Vegas, enterrement de vie de garçon oblige, se retrouvent dans une panade… intéressante. Les trois amis du futur marié se rendent compte, en se réveillant dans une chambre d’hôtel complètement dévastée, que leur pote à disparu. Ceci est génant, surtout quand la cérémonie du mariage doit se dérouler 2 jours après ! Ils vont alors devoir faire fi de leur gueule de bois et rassembler leurs bribes de souvenirs pour comprendre ce qui s'est passé.
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Voyant ce résumé, je m’étais dis : « moui, encore un film sur les déboires adolescents de jeunes mâles en rut, mais il y a peut-être quelques scènes marrantes… » Et je me suis posée avec cette a-priori négatif sans attendre grand-chose de Very Bad Trip. Oh mais quelle surprise ! Quelle agréable surprise ne me heurta pas la pupille ! Loin du compte j’étais, en fin de compte, parce que pour parler djeunes, [ et aussi pour jouer des mots magnifiquement bien, comme tu le remarqueras sans doute ], ce film est d’un tripant !!! {Vu ?... Le jeu de mot ? hihi…}
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Parce que les quatre potes en question sont attachants à leur manière,  parce qu'ils ne tombent pas dans l'humour gras tellement luisant qu'il en est pas drôle, parce qu’ils se retrouvent dans des situations non seulement abracadabrantes, mais aussi et surtout terriblement bêtes qu’elles en deviennent hilarantes, parce qu’il y en a un qui a perdu une dent, parce qu’ils ont dormi avec le tigre de Mike Tyson ; mais aussi parce que là où le film est ingénieux, et frustrant, mais furieusement ingénieux, c’est que nous non plus, spectateurs, nous ne savons pas ce qu’il s’est passé hier soir, et qu’on trépigne, qu’on se ronge les ongles, ceux du voisin et qu’on rogne le siège de devant pour savoir ENFIN SAVOIR mais qu’est-ce qu’il a bien pu se passer hier soir pour que la chambre arrive dans cet état, pour que le marié se retrouve dans cet état là, qui explique la présence du bébé et j’en passe des pires et des meilleurs !!!
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Sans rire, parce que moa je suis pas une rigolote, je ne m’attendais pas à rire autant devant un scénario pareil. Mais le fait est là, Very Bad Trip, c’est un tourbillon de conneries, de situations farfelues, cocaces, idiotes, parfois touchantes, flippantes, mais toujours et à jamais merveilleusement drôles. Si bien que malgré tout ce qui, au départ, était une situation relativement négative pour les personnages qui payent de bien des façons leur folle soirée, on en arrive tous à la même conclusion : quand est-ce qu’on va à Las Vegas pour fiestater ???
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Et coup suprême, pour ceriser le gâteau de tes zygomatiques douloureux, le générique est orné des photos de la nuit, photos qu’on a tellement voulus voir tout au long du film… En nous laissant imaginatifs…
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Comme il a du être doux de tourner ce film… *soupir et yeux dans le vague, sourire bête plaqué sur le visage*