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Salle des Archives :

Les films...
Qu'ils nous permettent de nous évader, qu'ils nous fassent rêver, rire, pleurer ou qu'ils nous irritent au plus haut point, ils sont l'émotion à l'état pur...
Alors Moa, je veux en parler, partager et avoir ton avis, Ô Hôte Curieux !

Quant à la lecture, plaisir solitaire, je découvre peu à peu que chacun recherche quelque chose de différent en ouvrant un livre... Quoi ? Telle est la question...
Je ferai ici un compte-rendu absolument pas objectif des livres qui se sont soumis à ma pupille...

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17 oct. 2011

Historique Dialogue

Roman historique
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La Conversation
de Jean d'Ormesson
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Ed. Héloïse d'Ormesson
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120 pages
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Septembre 2011
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Que s'est-il passé juste avant que Bonaparte décide de devenir Napoléon ? Qu'est-ce qui a bien pu se passer dans sa tête ?
Dans La Conversation, ce cher Jean y répond à sa manière, en inventant un dialogue entre Bonaparte et le second Consul de France, Cambacérès.
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Bon, avouons le tout de suite, l'histoire et moa, ça fait deux. J'écoutais en cour seulement lorsqu'on parlait de Zeus ou de lupanar antique. Tout le reste (ce qui fait pas mal de trucs...), datant d'après l'an 1000 me dépasse complètement. (L'an 1000 ais-je dis ?! Je suis peut-être optimiste là.) Mais parfois, histoire de ne pas mourir bête, je m'intéresse.
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Et puis là, dans ce petit dialogue (que certains rumeurs veulent pousser sur les planches... Avec Edouard Bear, un nom à été lancé ! Moa, Edouard en costume d'époque, j'adhère !), non seulement le sujet arrive vite [Bonaparte avoue lui-même avoir mieux à faire que trainer sur des broutilles et aime quand les choses vont vite !] alors soit.
Mais en plus, des détails et anecdotes comme on les aime décorent le récit et l'ornent pour notre plus grand plaisir. Il est précisé que toutes (ou presque) les paroles de Bonaparte ont réellement été dites (ou écrites) et on apprendra donc avec délectation que son bras droit, le fameux Cambacérès, homosexuel affirmé, s'est retrouvé bien vite affublé du doux surnom de Tante Turlurette. Ou bien qu'une histoire de châle a prit davantage d'importance que l'étude des mouvements de troupes de Waterloo ! Non, la dernière partie de la phrase n'est pas vraie, mais il me fallait une comparaison pour dire que ça a prit beaucoup d'importance.
Tu vois, dis comme ça, cela rend moins bien.
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Enfin, un petit livre ("entre deux romans", dixit d'auteur) pour quelques anecdotes historiques qui, si elles n'éclairent pas l'homme, le montrent du moins dans une grandeur et une majesté charismatique dignes des tableaux de Ingres ou de Poussin.
Après tout, n'est pas Empereur des Français qui veut, mais bien ce qui a pu faire venir le Pape à Paris !
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Extraits :
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"CAMBACERES
Ah ! je vous vois dans ces débats interminables - et qui vous impatientaient ! - sur le mariage, sur le divorce, sur les successions, sur les enfants naturels, sur la peine capitale... Vous, vous vouliez toujours aller plus vite ; moi, j'étais toujours soucieux de trouver, pour répondre à vos voeux, la formulation la plus simple, la plus brève, la plus claire : "tout condamné à mort aura la tête tranchée..."
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"BONAPARTE
Je connais les Français, leur légèreté, la facité avec laquelle ils sont capables de changer d'opinion. La République est une chimère dont ils sont engoués, mais qui passera avec tant d'autres. Je suis persuadé qu'il y a dans la masse de la nation un retour complet aux formes de la monarchie.
CAMBACERES
Le mot fait encore peur.
BONAPARTE
Mais, mon cher collègue, ce ne serait pas au profit des Bourbons qu'on la rétablirait."
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CAMBACERES
Le titre d'empereur ?
BONAPARTE
Pourquoi pas ? La République serait confiée à un empereur. Après tout, monsieur, nous n'avons tous juré haine qu'à la seule royauté.
CAMBACERES
C'est vrai : nous n'avons jamais dit un mot contre l'empire."

3 oct. 2011

Tuer le père

Roman "classique"
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Tuer le père
de Amélie Nothomb
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Albin Michel
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150 pages
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Août 2011
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Voilà, on veut s'acoquiner avec d'autres amours que les nôtres premières, on flirte, on danse, on dîne et on fait semblant de ne pas avoir remarqué ses pustules au niveau de son front et on se dit que ce n'est pas parce qu'il empeste l'oignon qu'il en mange à toutes les sauces et puis nous voila là. Au point initial. Non pas que j'aurai du une fois de plus écouter ma mère (de mes amours, elle s'en tamponne le coquillard), mais bien mon intuition, ma folie, mes volontés premières, mes ultimes adorations. 
Car l'ineffable optimisme qui m'habite me pousse à penser qu'une fois l'emballage retiré, une fois l'effeuillage effectué, nos papilles trouveront une gourmande pensée, une succulente caresse ou une fraicheur et une virginité délicate... 
Mais non.
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Il n'y a pas à tortiller, cette nouvelle rencontre laisse dans ma bouche un arrière-goût acre... ou âpre... ou peut-être les deux. Reste à déterminer.
Je les préfère avec une saveur plus originale, disons... plus sucrée, plus lointaine, plus orientale.
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Oui Hôte Impitoyable, je me vieillit, je radote, mais au moins, je reste fidèle à moi-même (enfin, si physiquement cela ne soit pas vraiment le cas, tu l'auras très certainement comprit, mon cœur s'enorgueillit d'une ferveur fidèle et sans limite.)
Et ces dires d'écrivains modernes me touchent aussi profondément que le sport olympique national syldave*. A savoir pas du tout. 
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Ici, on part d'un monde de magiciens (contemporains, les magiciens, j'ai pas dis "mages") où un jeune garçon, rejeté par sa mère, va se trouver un père ailleurs, un magicien. Junkie à ses heures. Lors de bacchanales modernes, festivals hippies où le LSD côtoie avec grâce l'assourdissante musique accompagnée de divers "arts de rue" amateurs. Une fois le thème de la magie et des festivités acides et libertines abordé, thème on ne peut plus intéressant et surprenant soit dit au passage, on passe directement à Las Vegas, pays du jeu et de l'enivrement féroce, puissant monde parallèle où "tentative de berner le système" rime avec "gare à tes fesses, tonton Terry Benedict est là"** pour se terminer sur une confrontation père/fils inhabituelle certes, mais fade.
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A cela, je dis "bof, les histoires de famille..."
Heureusement, 150 pages, ça va vite.
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*de Sylvadie, pays dans Tintin, alias la reception du lancé du Sceptre d'Ottokhar.
** cf Ocean 11, Ô Hôte Inculturé.

Yo ho, yo ho, nous sommes les pirates...

Roman de SF
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Le Déchronologue
de Stéphane Beauverger
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Folio SF
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555 pages
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2011
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Ah ah !
Tu pensais en avoir terminé avec les pirates, mon Précieux ? 
Comment ??!?! Tu n'apprécies guère d'avoir les pieds dans l'eau, la goutte au nez, le nez au vent, les ampoules aux doigts et le mal de mer ?! Tu en as assez de surveiller tes arrières parce que tu ne fais pas confiance en ton équipage ?! Tu en as assez de passer ton temps à régurgiter ce mauvais rhum qui te sert de boisson quotidienne ?! Tu n'aimes pas le poisson ?! Tu en as assez de t'user la corne des pieds sur le sable dur et la rocaille ?! Tu en as assez de ces aventures où les gentils sont les mutins et où on ne fait que te rouler dans la farine ?! Tu en as assez de chercher un trésor que personne ne trouve et que tu dilapideras en rhum encore moins bon que les mien et en compagnie bien moins charmante que la mienne ?!
Et si je te dis que cette fois-ci, Chronos notre Maître à tous est de la partie ?! Alors, tu embarques ?!
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Je m'en doutais.
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Parce que là, nous avons affaire à un petit chef d’œuvre (je le dis doucement, mais je le dis quand même). Un chef d’œuvre relatant la vie flibustière du capitaine Henri Villon, français, homme de mer ( un mârdi, tintintin ), qui, un jour de bô temps ( à moins qu'il ne fit gris ?! ), 1640, croisa, lors de pérégrinations diverses, la route d'un homme étrange. Étranger. Un homme qui maniait des appareils bizarres qu'il aurait eu la volonté d'appeler "diableries" ou "sorcelleries" si celles-ci ne venaient pas d'une autre époque. Toa, Hôte Moderne, tu les nommes lampe de poche et micros ; Toa Hôte Fossile, tu les nommes baladeur et tourne-disque ; lui les appréhende sous le fastueux sobriquet de "maravillas". Les appréhende, les désire et ne voit que par elles. Elles le fascinent à un point tel que le dessein de son existence change du tout au tout dès ce moment pour ne se concentrer que sur l'acquisition de telles merveilles.
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Sauf que pour cela, ce cher capitaine va devoir traiter avec l'Homme du futur, qui le charge de missions risquées voire mortelles. A l'aide de ses canons qui tirent du temps, Villon traverse de long en large les Caraïbes, change le cours de l'Histoire sans vraiment comprendre ce qu'il fait. Un coup tyran, un coup torturé, il est à l'image de son monde malmené : incertain et irréel. 
Comment peut-on se fixer lorsque la terre que l'on a sous ses pieds peut être tout autre si un petit malin joue avec les puissances de Chronos ? C'est impossible, et Villon en est la première victime, même si sa position stratégique de pion du Targui, de l'homme du futur, veut faire de lui un acteur premier de l'Expérience.
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Je ne puis en dire davantage, sans révéler les tenants et les aboutissants de la beauté de l'ouvrage.
Ce que je peux dire en revanche, c'est que happés nous sommes par ce récit, aux mailles délicatement entremêlées (comment les chapitres, moments de vie racontés par le capitaine, pourraient-ils être dans l'ordre, lorsque l'ordre du temps lui-même se retrouve malmené ?) et aux péripéties originales. En plus, le héros est presque quasiment toujours complétement saoul.
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Un apparent fouillis pour une aventure haute en couleurs (des attaques navales aux anciens rites mayas, en passant par la méthode de recrutement de vieux loups de mer, rien ne nous échappe).
Tu ajoutes des manœuvres temporelles où on y comprend pas tout, et nous voilà avec une idée en tête : et si j'y retournais ? Mais sans essayer de les suivre dans leur descente de tafia... Mal la tête moa...