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Pièce Sombre :

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Salle des Archives :

Les films...
Qu'ils nous permettent de nous évader, qu'ils nous fassent rêver, rire, pleurer ou qu'ils nous irritent au plus haut point, ils sont l'émotion à l'état pur...
Alors Moa, je veux en parler, partager et avoir ton avis, Ô Hôte Curieux !

Quant à la lecture, plaisir solitaire, je découvre peu à peu que chacun recherche quelque chose de différent en ouvrant un livre... Quoi ? Telle est la question...
Je ferai ici un compte-rendu absolument pas objectif des livres qui se sont soumis à ma pupille...

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24 mars 2011

Température élevée

Roman SF
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Farenheit 451
de Ray Bradbury
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Folio SF
213 pages
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2000
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Après les Chroniques Martiennes où j’avais quand même vachement accroché, je m’étais dit que Bradbury devait être un écrivain qui n’avait plus rien à prouver. Alors je me jetai dans un autre de ses classiques, tout paré de sa renommée grandiose, celui qui parle de FEUUU, de livres et de conditionnement humain. La classe !
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On suit le parcours de Montag, un pompier du futur (du futur par rapport à nous ; parce que j’avais z’oublié de dire que l’histoire se situe à quelques années de nous, mais est-ce nécessaire de le préciser ? Cela dit, l’appellation « pompier du futur » est importante puisque les pompiers ont alors légèrement changé de métier, puisqu’ils n’éteignent plus les feux, mais les allument, un petit détail qui sera soulevé quelque part dans ces pages…), donc de Montag, je disais, qui, un soir où il rentrait tranquillement chez lui, une jeune fille l’aborda. Un peu foldingue elle apparait, à causer à n’importe quel passant alors que ce n’est guère dans l’habitude des gens d’en aborder d’autres pour parler de tout et de rien. Mal vu. Peut-être même puni par la loi. Mais elle l’aborde tout de même, lui parle de la vie, des fleurs qui éclosent en été, le questionne sur le bonheur et le sens de sa vie, lui ouvre les yeux sur les nouvelles habitudes des gens à ne se soucier que d’eux, de la vitesse, de leurs nouveaux délires de jouer avec la mort, de ces pubs qui désormais sont longues de plusieurs mètres puisque plus personne [ ou presque ] ne prend le temps de flâner pour regarder un nuage ou une herbe danser au rythme du vent, de la toute puissance des médias et j’en passe…
On est loin de Mrs Dalloway.
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« Le téléviseurs est réel. Il est là, il a de la dimension. Il vous dit quoi penser, vous le hurle à la figure. Il doit avoir raison tant il parait avoir raison. Il vous précipite si vite vers ses propres conclusions que votre esprit n’a pas le temps de se récrier « Quelle idiotie ! ». » [p116-117]
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De là, Montag va remettre en question, sa vie d’abord, puis son métier, qui consiste à brûler tout ce qui peut potentiellement précipiter l’esprit humain vers une débilité irréversible ; tout ce qui peut favoriser l’apparition de réflexions contradictoires, de pensées subversives. Je te le donne en mille, Ô Audacieux Hôte : les livres.
Là-dessus, Bradbury n’y va pas de main morte : la télé est vivement opposée au divin papier.
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Là, c’est le chef de Montag qui parle :
« L’important pour vous, Montag, c’est de vous souvenir que nous sommes les Garants du Bonheur, les Divins Duettistes, vous, moi, et les autres. Nous faisons front contre la petite frange de ceux qui veulent affliger les gens avec leurs théories et leurs idées contradictoires. Nous avons les doigts collés à la digue. Tenons bon. Ne laissons pas le torrent de la mélancolie et de la philosophie débilitante noyer notre monde. Nous dépendons de vous. Je ne crois pas que vous vous rendiez compte de ‘votre’ importance pour la préservation du bonheur qui règne en notre monde. » [p 90-91]
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Mais la remise en cause n’est pas chose aisée en cette société…
Là où j’ai bien apprécié la forme, c’est que cette société castratrice n’est pas exempte de « parias », de bibliophiles et de philosophes, elle ne les traque pas jour et nuit pour tous les exterminer jusqu’au dernier. Elle brûle ‘simplement’ les maisons qui contiennent des livres, elle ne veut pas condamner au bûcher tous ceux qui s’élèvent au dessus de la loi. Ainsi, des petits groupes d’excentriques existent par ci par là, et ce détail n’est pas négligeable. Pour moi, il change considérablement la donne en ce sens que nous sommes en présence d’un monde qui peut encore changer.
« Ah oui, vraiment ? » me souffle mon petit canard de céloantropophane…
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Pas mal du tout comme bouquin.
Un classique, mais peut-être pas assez trangico-mélancolique pour moa. Enfin, je ne sais pas…

Passent les Heures

Roman "classique"
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Les Heures
de Michael Cunningham
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Pocket Poche (oui, je lis beaucoup en poche…) (même si l’image est du Belfond, que de contradictions !)
224 pages
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2001
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Il m’est difficile d’entamer ce roman sans avoir en tête la représentation de la Grande Toile, que veux-tu, l’un découle de l’autre en ce qui me concerne, et l’autre découle de l’un en ce qui les concerne.
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On y suit toujours ces trois destins croisés, passant d’une époque à l’autre, d’une vie de femme à une autre, d’un désespoir à une vie terriblement écrite par d’autres…
Il y a Virginia Woolf, l’écrivain, hantée par la fin de la vie ; il y a Laura Brown, la gentille mère de famille des années 50, hantée par la vie qu’elle aurait aimé avoir et qu’elle n’aura jamais le courage de saisir ; il y a Clarissa Dalloway, ou plutôt son incarnation moderne, celle qui « organise des réceptions ».
La mort, omniprésente, pourrait être la quatrième héroïne, dans un livre plein de réflexions sur le monde, sur le courage qu’il faut pour entrer dans la vie…
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« Oui, pense Clarissa, il est temps que le jour prenne fin. Nous donnons nos réceptions : nous abandonnons nos familles pour vivre seul au Canada ; nous nous escrimons à écrire des livres qui ne changent pas la face du monde, malgré nos dons et nos efforts obstinés, nos espoirs les plus extravagants. Nous menons nos vies, nous nous faisons ce que nous avons à faire, et puis nous dormons – c’est aussi simple et banal que cela. Certains se jettent par la fenêtre ou se noient ou avalent des pilules ; plus nombreux sont ceux qui meurent par accident ; et la plupart d’entre nous, la vaste majorité, est lentement dévorée par une maladie ou, avec beaucoup de chance, par le temps seul. Mais il y a ceci pour nous consoler : une heure ici ou là pendant laquelle notre vie, contre toute attente, s’épanouit et nous offre tout ce dont nous avons jamais rêvé, même si nous savons tous, à l’exception des enfants (et peut-être eux aussi) que ces heures seront inévitablement suivies d’autres, ô combien plus sombres et plus ardues. Pourtant, nous chérissons la ville, le matin ; nous voudrions, plus que tout, en avoir davantage.
Le ciel seul sait pourquoi nous l’aimons autant. »
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Je crois que j’ai déjà tout dit sur cette histoire, que ce soit ici ou … Ce qui est ennuyeux, parce que maintenant, je sèche…
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Juste je pourrais dire que l’un étant la représentation parfaite de l’autre, j’avais plus en tête le film qu’autre chose… Pour une fois, je n’aurais peut-être pas du, mais bon, tant pis hein !

2 mars 2011

Parodie de SF

Aeon Flux, de Karyn Kusama
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avec Charlize Theron, Frances McDormand, Marton Csokas...
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8 fevrier 2006
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Ben dis donc, ça nous rajeunit pô tout ça... Me souvient que quand il est sorti sur les Grandes Toiles Sacrées, ce film avait légèrement attiré mon attention. Certainement parce que l'esthétique semblait relativement soigné, et puis parce qu'un vrai film de SF pure reste plutôt rare sur nos écrans...
Malheureusement, je crains que cette mauvaise habitude persiste encore et toujours...
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L'histoire aurait pu être accrochante : nous sommes au XXVè siècle, une maladie a depuis longtemps ravagé la Terre, si bien que les survivants se sont construit une belle petite ville à l'intérieur d'une bulle, à l'abri du monde agressif et belliqueux, qui rumine sa volonté d'anéantir toute vie derrière ses murs. Malheureusement, comme dans toute société reconstruite sortie d'une apocalypse quelconque, les dirigeants sont avides de pouvoir : avoir sauvé quelques hommes ne suffit pas, leur égo surdimensionné veut plus, toujours plus de pouvoir...
Et là, dans un monde en lente décomposition, un groupe de rebelles tente de faire éclater la vérité au grand jour, tente de renverser le gouvernement, tente de libérer autrui d'une oppression grandissante cachée derrière une apparente sécurité ! Tadaaaaaam !
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Oui mais voilà, il semblerait que le cinéma et la SF ne fassent pas bon ménage. Je l'ai déjà dit, je radote, je sais, mais spo ma faute si tout ce que les réalisateurs peuvent nous pondre sont un ramassis de clichés, de scènes faciles vues et revues et remâchées, de scénarii creux ; sont une insulte à un univers déjà maltraité dans la littérature.
Cela dit, ce n'est pas avec des films pareils qu'on va redorer ses initiales.
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Et là, je vais certainement m'attirer tes foudres, Ô Hôte Obsédé Sexuel {clin d'œil amical. Quoique...}, mais j'assume, viens te battre, si t'es un homme !!! mais je trouve ça extrêmement limité et fortement déplaisant de miser son film, 1h30 quand même, sur la plastique de son actrice principale.
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Mais il semblerait que nous ne pouvons y échapper : Science-Fiction serait synonyme de vide intersidéral, il faut bien accrocher quelques mâchoires.
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Triste.
Je sais pas toa, mais moa ça me déprime.

Du Levande

Nous les vivants, de Roy Andersson
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avec Jessica Lundberg, Elisabet Helander, Björn Englund...
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21 novembre 2007
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« Puisque demain encore, il faudra se lever… »
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Je t’avais parlé de ce film, Ô Hôte Habitué, il y a quelques temps de cela… Je me lamentais parce que c’était un nouveau long-métrage totalement passé inaperçu, et que donc j’avais pas eu l’occasion de le voir. Voilà que le mal est réparé.
Nous, les vivants, [ en suédois, Du Levande ] fait partie de ces films ovnis, qu’il faut voir, au moins pour la culture, au moins pour les réflexions qu‘il engendre. De l’art contemporain à lui tout seul. Et je ne dis pas ça dans le sens habituel qu’à l’art contemporain sous mes doigts… Plutôt dans le sens : philosophique et social ; incompréhensible, opaque et idiot pour un esprit étroit ; profond mais difficilement accessible dans tous les cas.
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Pour sûr, c’est un film hors du commun. C’est une série de tableaux, de scénettes mettant en scène tout un panel de gens ordinaires dans leur vie morne et quotidienne. C’est une réflexion sur la vie, mais aussi sur la mort. Normal, ces deux éléments sont liés. C’est une réflexion sur la condition humaine. C’est une réflexion qui, malgré le quotidien monotone et routinier qui enlace les personnages ( et les gens, en général ? ), une réflexion donc qui laisse place à leurs rêves, à leur désir de vivre une autre vie, à leur soif d’aventure, à leurs aspirations sociales… mais qui restent intouchables, qui restent des rêves…
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C’est avec une certaine résignation [ dirais-je pessimisme ? Non, le film n’est pas aussi grave ] que ces personnages racontent leur existence, la vivent même.
Les questions qu’on pourrait se poser : comment entrer dans la vie ? Comment remplir ses journées ? Comment se comporter en société ? Comment vivre, tout simplement, cette vie si brève, cette vie si absurde…
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« Puisque demain encore, il faudra se lever. »
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Je crois que tout est dit dans ce leitmotiv… L’audace manquant à la plupart d’entre nous ; et l’existence humaine qui se retrouve être un des aspects ( comment l’appeler autrement ? ) les plus insensés qui soient.
Mais si Nous, les vivants aborde ces questions graves auxquelles nous ne sommes pas en mesure de répondre, il n’en oublie pas le burlesque qui compose grandement la vie. Là, je joins une citation du réalisateur : « Je crois que vivre est compliqué pour tout le monde et que c'est l'humour qui nous sauve. En ce sens, je vois Nous, les vivants comme une farce sur la condition humaine. »
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Ce film, c’est l’Absolu.
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Amen.