Roman de SF
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Le Déchronologue
de Stéphane Beauverger
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Folio SF
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555 pages
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2011
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Ah ah !
Tu pensais en avoir terminé avec les pirates, mon Précieux ?
Tu pensais en avoir terminé avec les pirates, mon Précieux ?
Comment ??!?! Tu n'apprécies guère d'avoir les pieds dans l'eau, la goutte au nez, le nez au vent, les ampoules aux doigts et le mal de mer ?! Tu en as assez de surveiller tes arrières parce que tu ne fais pas confiance en ton équipage ?! Tu en as assez de passer ton temps à régurgiter ce mauvais rhum qui te sert de boisson quotidienne ?! Tu n'aimes pas le poisson ?! Tu en as assez de t'user la corne des pieds sur le sable dur et la rocaille ?! Tu en as assez de ces aventures où les gentils sont les mutins et où on ne fait que te rouler dans la farine ?! Tu en as assez de chercher un trésor que personne ne trouve et que tu dilapideras en rhum encore moins bon que les mien et en compagnie bien moins charmante que la mienne ?!
Et si je te dis que cette fois-ci, Chronos notre Maître à tous est de la partie ?! Alors, tu embarques ?!
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Je m'en doutais.
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Parce que là, nous avons affaire à un petit chef d’œuvre (je le dis doucement, mais je le dis quand même). Un chef d’œuvre relatant la vie flibustière du capitaine Henri Villon, français, homme de mer ( un mârdi, tintintin ), qui, un jour de bô temps ( à moins qu'il ne fit gris ?! ), 1640, croisa, lors de pérégrinations diverses, la route d'un homme étrange. Étranger. Un homme qui maniait des appareils bizarres qu'il aurait eu la volonté d'appeler "diableries" ou "sorcelleries" si celles-ci ne venaient pas d'une autre époque. Toa, Hôte Moderne, tu les nommes lampe de poche et micros ; Toa Hôte Fossile, tu les nommes baladeur et tourne-disque ; lui les appréhende sous le fastueux sobriquet de "maravillas". Les appréhende, les désire et ne voit que par elles. Elles le fascinent à un point tel que le dessein de son existence change du tout au tout dès ce moment pour ne se concentrer que sur l'acquisition de telles merveilles.
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Sauf que pour cela, ce cher capitaine va devoir traiter avec l'Homme du futur, qui le charge de missions risquées voire mortelles. A l'aide de ses canons qui tirent du temps, Villon traverse de long en large les Caraïbes, change le cours de l'Histoire sans vraiment comprendre ce qu'il fait. Un coup tyran, un coup torturé, il est à l'image de son monde malmené : incertain et irréel.
Comment peut-on se fixer lorsque la terre que l'on a sous ses pieds peut être tout autre si un petit malin joue avec les puissances de Chronos ? C'est impossible, et Villon en est la première victime, même si sa position stratégique de pion du Targui, de l'homme du futur, veut faire de lui un acteur premier de l'Expérience.
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Je ne puis en dire davantage, sans révéler les tenants et les aboutissants de la beauté de l'ouvrage.
Ce que je peux dire en revanche, c'est que happés nous sommes par ce récit, aux mailles délicatement entremêlées (comment les chapitres, moments de vie racontés par le capitaine, pourraient-ils être dans l'ordre, lorsque l'ordre du temps lui-même se retrouve malmené ?) et aux péripéties originales. En plus, le héros est presque quasiment toujours complétement saoul.
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Un apparent fouillis pour une aventure haute en couleurs (des attaques navales aux anciens rites mayas, en passant par la méthode de recrutement de vieux loups de mer, rien ne nous échappe).
Tu ajoutes des manœuvres temporelles où on y comprend pas tout, et nous voilà avec une idée en tête : et si j'y retournais ? Mais sans essayer de les suivre dans leur descente de tafia... Mal la tête moa...
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